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Une prairie dans la ville

Une prairie dans la ville

Une prairie dans la ville

À force d’engazonner les espaces verts, les communes ont fini par appauvrir la flore et la faune et uniformiser le paysage. Pourquoi ne pas laisser pousser l’herbe, planter des fleurs ou des légumes ? Cheux expérimente.

Depuis que les espaces verts existent, on y plante du gazon, qu’il faut ensuite désherber et tondre. Pendant longtemps, on a entretenu ces pelouses avec des produits phytosanitaires, nocifs pour la santé, avant leur interdiction sur le domaine public au 1er janvier 2017.

Et si maintenant, on arrêtait d’y planter du gazon afin que des espèces végétales et animales disparues reviennent ? C’est ce qu’on appelle « favoriser la biodiversité ». Les élus de Thue et Mue ont décidé de participer à cette grande cause universelle en proposant, à leur échelle, une « gestion différenciée des espaces verts », qui consiste à substituer au gazon d’autres cultures. La décision a été prise suite à la diffusion publique en février dernier au Studio, du film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, César 2016 du meilleur documentaire, qui relate différentes initiatives à travers le monde pour enrayer la crise écologique.

Au printemps, l’opération a démarré à Cheux, pour une première phase test. Les insectes butineurs reviennent La commune déléguée de Cheux, déjà pionnière en 2008 pour l’arrêt de l’utilisation des pesticides, a donc engagé deux initiatives expérimentales. Sur une surface engazonnée de 60 m2, le service des espaces verts a cessé de tondre afin de laisser la végétation reprendre ses droits. De nouvelles plantes réapparaissent, le paysage se transforme, des insectes qui avaient disparu, faute de nourriture, reviennent. Sur une autre surface engazonnée de 100 m2, des fleurs de diverses variétés ont été semées pour créer une prairie fleurie, qui donnera des couleurs au paysage de juin à octobre, et fera revenir les insectes butineurs. " L’uniformisation appauvrit la diversité végétale et paysagère. En traitant différemment nos espaces verts, nous contribuons à la biodiversité. On ne se désengage pas de ces espaces, bien au contraire, on les enrichit ".

Bien sûr, il faudra contrôler ces cultures, éviter l’arrivée de plantes invasives et veiller à l’équilibre entre les espèces. Les techniciens des espaces verts deviendront des experts de la biodiversité plutôt que de la tonte. En limite de propriété, les espaces continueront à être tondus pour permettre aux riverains l’accès aux haies. Et des panneaux d’information sont mis en place pour expliquer aux habitants les enjeux de ces nouvelles méthodes de gestion.

« Si chacun comprend ce qui se passe et se joue ici, nous faisons le pari que tout le monde adhèrera », L’expérience a été étendue à d'autres communes déléguées de Thue et Mue.